[Film] Gods of Egypt (2016)

Dans une époque ancestrale, durant laquelle les Dieux vivaient parmi les hommes, la paix règne en Egypte. Mais Seth, Dieu du désert, qui convoite le pouvoir, assassine le roi et condamne Horus à l’exil, plongeant le royaume d’Egypte dans le chaos. C’est l’intervention d’un jeune voleur, Bek, qui va sortir Horus de sa prison. Ensemble, ils se lancent dans une aventure épique qui va donner lieu à une guerre sans précédent. Jusqu’aux frontières de l’au-delà, monstres et armées des dieux se déchainent dans une lutte dévastatrice…


Avis de la victime :
Il y a quelques semaines arrivait sur la toile la première bande annonce du nouveau gros blockbuster hollywoodien Gods of Egypt, avec à sa tête Alex Proyas que beaucoup connaissent pour ses bobines cultes The Crow (1994) et Dark City (1998). La vision de celle-ci fût indescriptible, entre consternation et éclats de rires nerveux, un dégueulis de millions de dollars d’images de synthèses moches annonçant quelque chose proche du degré zéro cinématographique. Les premiers mots qui sortirent de ma bouche furent « Mais qu’est-ce que c’est que cette merde !?! » suivis d’un « Mais pourquoi !?! ». Alex Proyas, mais il s’est passé quoi ??? Pourquoi t’infliger ça et surtout, pourquoi nous infliger ça ? Tu n’aimes pas les gens ? Un traumatisme de ton enfance ressort maintenant et tu ressens le besoin de faire souffrir des millions de personnes ? C’est petit ça tu sais ? Rick et Iris me sachant faible, voilà qu’ils me lancent d’un commun accord un défi pouvant se résumer à ça : même pas capable de regarder Gods of Egypt ! Mouahahahahaha, c’est mal me connaitre ! Je sais que ça va être dur, je sais que ça va faire mal, mais je suis un fou moi, j’ai peur de rien. De toute façon, habituellement, je n’ai pas besoin de défi pour me regarder de sombres bouses. Après quelques jours de motivation, parce que bon, 2h07, c’est long quand même hein, on me souhaite courage (parce qu’il va en falloir), force (parce qu’il va en falloir) et honneur (ça je n’en ai plus depuis longtemps) et je me lance, en VF car il faut bien pousser le vice à l’extrême. Le résultat est sans appel : Gods of Egypt est un naufrage cinématographique, technique et artistique, un gigantesque étron généreux dans ce qu’il propose, certes, mais ce qu’il propose est à chier.

Ca fait pas cinq minutes que j’ai lancé le bousin et une première question se pose déjà : Est-ce que ce film est sérieux ou est-ce juste une vaste boutade orchestrée par un Proyas qui se vengerait d’avoir été boudé par Hollywood depuis plus de 7 ans (son dernier film date de 2009) ? Un petit tour sur les différentes interviews et coups de gueule de réalisateur et il n’y a plus aucune place au doute : ce film est sérieux ! Mais comment est-ce possible… Tu étais bourré Proyas quand tu as accepté et tu ne pouvais plus revenir en arrière c’est ça ? Parce que là, les Pharaons doivent se retourner dans leurs sarcophages !
En Egypte ancienne, tout le monde il est beau, tout le monde il a la taille mannequin, tout le monde il a le sourire colgate, tout le monde il a des seins siliconés, et tout le monde il est caucasien… Pour orchestrer ce joyeux bordel, on retrouve Nikolaj Coster-Waldau, Horus, qui après avoir conquis le public avec son rôle de Jaime Lannister dans Game of Thrones, et qui semble, comme tous les autres acteurs de séries, vouloir essayer de percer au cinéma en acceptant à peu près tout ce qu’on lui propose. A ses côtés, le minot Brenton Thwaites (Maléfique, The Giver), un simple mortel, qui est au Charisme ce que Les Musclés étaient à la Chanson Française. En face d’eux, un Gerald Butler, Seth Dieu du Désert, en mode vénère pas toujours très inspiré, semblant avoir envie de refaire 300 de Zack Snyder, à tel point qu’on a l’impression qu’il se retient de gueuler « This is Spartaaaaaa !!! » toutes les deux répliques. Et tout ce beau petit monde va gesticuler comme il le peut devant des décors fond vert faits par des mecs bourrés, drogués, et sans doute aussi manchots.

Car oui, Gods of Egypt est visuellement affreux ! Les captures d’écrans ci-présentes ne rendent clairement pas hommage au résultat final mais je vous assure que lorsque toute cette bouillie de pixels est en mouvement, on a parfois du mal à croire qu’on est en 2016. Et pourtant ça pue le fric ! 140 millions de dollars de budget, ce n’est pas rien merde ! Mais non, tout est dégueulasse. Les transformations en dieux égyptiens sont hideuses, Stargate de Emmerich faisait mieux 20 ans avant. C’est moche, mais d’une mochitude ! Au bout de 10 minutes de film, mes yeux se sont mis à saigner, et il n’a pas manqué grand-chose pour que je devienne aveugle, définitivement. Vous me direz, au moins mes souffrances auraient été abrégées…
Tout le film est dégueulasse, des SFX aux couleurs en passant par le design général. Une insulte à nos rétines. Chaque nouvelle scène est visuellement au moins aussi moche que la précédente. Ah mais le passage de la fuite en char, c’est à gerber. Le moindre SFX est moche. Ils marchent dans le désert, c’est moche. Ils lancent des pièces d’or en l’air, c’est moche. Ils escaladent une montagne, c’est moche. Les fonds verts sont mal utilisés, tout sonne faux. Et what the fuck ? C’est quoi ce truc là ? Ah ok, le nylon semble avoir été inventé à l’époque des pharaons. Non mais pourquoi pas après tout. La jungle sonne faux, l’eau sonne faux, les villes sonnent faux, le désert sonne faux. Je sais, je me répète, mais j’ai tellement l’impression d’avoir subi un fist fucking cinématographique avec du verre pilé que du coup, je risque d’être marqué à jamais par l’expérience. Et pendant ce temps-là, des petits réalisateurs talentueux galèrent pour trouver du financement pour leurs bien plus modestes (et souvent bien plus intéressants) projets, certains faisant visuellement mieux avec dix fois moins de budget…

Et alors qu’on pensait en avoir déjà vu beaucoup, le film ne cesse de nous surprendre dans le nawak et la médiocrité. Oui, Gods of Egypt se la joue même Space Opera lors d’une scène, sans doute imaginée sous LSD, où ils se retrouvent dans l’espace, sur le bateau flottant de Râ. Oh oui, ils ont bien bien fumé ! Mais si ce n’était que ça… Le summum du rire nerveux fût atteint lorsque Seth, Dieu du Désert, se fait customiser avec des morceaux d’autres Dieux. Une bien belle séance complètement out of this world que ne renieraient pas les Jacky fans de tuning. Quand tout à coup, sans crier gare, deux nénettes se pointent en chevauchant des serpents géants cracheurs de feu et commençant une partie de cache-cache avec nos héros. Pas d’explication supplémentaire, cette dernière phrase se suffit à elle-même.
Les moments de bravoure n’ont aucune intensité, puisque de toute façon on a plus tendance à rire jaune qu’à réellement être happé par ce qu’il se passe à l’écran. Les scènes d’action… ben euh… disons que… ça tourne ! Et accessoirement, ça donne le tournis…

– « Bon les gars, avec le coordinateur des scènes d’action qui a lâché l’affaire, faut trouver une combine pour mettre un peu de punch à tout ça ! »
– « Vrai qu’ils sont nazes là chef les combats… »
– « C’est pour ça, quelqu’un a une idée ? Personne ? Toi le stagiaire au fond ? »
– « Euh… Je… sais… pas… Faites bouger la caméra… »
– « Roh mais c’est bon ça, t’es un champion toi petit. Allez les gars, on va faire tourner la caméra autour des deux mecs qui se battent, super vite, ça va claquer sa mère ! »
– « Chef, ça risque pas de foutre la gerbe aux spectateurs ? »
– « On s’en fout, ça va claquer sa mère ! »

J’ai vomis trois fois.

A coté de ça ? Zéro suspense, un scénario tenant sur le coin d’un post-it, un non-respect (pour ne pas dire massacre) de la mythologie égyptienne, un humour semblant viser les 9/10 ans tout au plus avec des répliques du genre : « Où est l’œil d’Horus ? » « Au beau milieu de tes fesses avec les chèvres que tu y enfonces ». Voilà voilà… Et pour couronner le tout, une scène de film à mourir de rire, où nos fameux dieux égyptiens, tout d’armure dorée vêtus (on s’attend à ce que le générique des chevaliers du zodiaque surgisse à tout moment), s’affrontent péniblement au sommet d’un obélisque géant, le tout ponctué par la fin la plus cul-cul la praline qu’il ait été possible de faire.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le générique de fin, enfin ! ⊗ Visuellement immonde
⊗ Scènes d’action à chier
⊗ Direction d’acteur foireuse
⊗ SFX dépassés
Gods of Egypt est une expérience qui aura causé des dégâts irréversibles sur moi. J’ai pris le film de plein fouet et mon cerveau n’est certainement pas sorti indemne de cette dure épreuve. Gods of Egypt, ce n’est pas mauvais, c’est très mauvais. Et dire que des gens ont cru à cette chose. Dire que des gens ont investi des millions dans ce machin. Ca doit méchamment faire mal aux boules tout de même après l’énorme bide que le film a pris (140M de budget pour 31 de recettes). Au moins, il ne devrait pas y avoir de suite, et ça, c’est peut-être l’unique bonne nouvelle qui ressort de tout ça !



Titre : Gods of Egypt
Année : 2016
Durée : 2h07
Origine : U.S.A
Genre : Nanar ou navet pharaonique ?
Réalisateur : Alex Proyas
Scénario : Matt Sazama, Burk Sharpless

Acteurs : Brenton Thwaites, Nikolaj Coster-Waldau, Gerard Butler, Geoffrey Rush, Courtney Eaton, Elodie Yung, Chadwick Boseman, Rufus Sewell, Goran D. Kleut

 Gods of Egypt (2016) on IMDb


0 0 votes
Article Rating

Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
S’abonner
Notifier de
guest

16 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments