[Avis] Deranged, de Park Jung-Woo

En Corée, une épidémie de noyades crée la panique. Un virus mutant, appelé Yeongasi, infecterait les victimes en se logeant dans l’intestin. Les victimes sont alors affamés puis assoiffés, et pour combattre la déshydratation, ils finissent par se jeter dans la rivière ou n’importe quelle autre source d’eau imposante. Alors que les autorités cherchent un remède, Jae-Hyuk, travailleur pharmaceutique, va tout faire pour sauver sa famille, contaminée.

Avis de Rick :

Ah la Corée ! Je ne vais pas revenir là dessus, tout le monde sait déjà que le cinéma Coréen, ce n’est pas ma tasse de thé, mais une fois de temps en temps, la curiosité l’emporte et le film du jour fut Deranged. Véritablement carton au box office local lors de sa sortie en Juillet 2012, ramenant plus de deux millions de spectateurs, en seulement une semaine, Deranged nous raconte donc l’histoire d’une contamination, dans le plus pur style de certaines grosses productions plus ou moins bonnes Américaines. Pourtant, a pas mal de niveaux, le film se rapproche bien plus du métrage Contagion de Steven Soderbergh, loin d’être une super production, et se préoccupant bien plus de ces personnages et de la panique que du virus en lui même. Deranged va dans un premier temps nous présenter ses personnages principaux, quoi de plus normal. Au départ peu attachants, on nous présente donc Jae-Hyuk, marié, père de deux enfants, endetté, qui ne veut plus voir son frère, policier et responsable de ses soucis financiers. Jae-Jyuk est à bout, néglige sa famille, recadre sa femme lorsqu’elle fait des choix qui ne lui plaisent pas, se tue à la tâche pour un boulot pharmaceutique qui ne lui plait pas. Son frère, lui, flic donc, cherche par tous les moyens à faire gagner de l’argent à son frère. Une situation pleine de tension, pour des personnages pas franchement intéressants ou même attachants, chacun restants dans sa bulle, restant sur ses choix sans se soucier de ce qu’on leur dit. Il faudra attendre la découverte de dizaines de corps dans la rivière pour que le film débute véritablement et nous montre enfin ce qu’il a dans le ventre.

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Car oui, malgré tous mes préjugés et surtout un début qui ne m’a pas impressionné plus que ça, Deranged s’est plutôt avéré être une bonne surprise, du moins à certains niveaux. Là où la rivière était la cachette ultime du monstre dans l’excellent The Host, ici, elle abrite des parasites, s’attaquant normalement aux insectes en les contrôlant afin de se reproduire. Seulement bien entendu, ils ont mutés, et cette fois ci, les victimes, ce sont les humains. Et comme en été quand il fait bien chaud, tout le monde aime se baigner, les contaminés sont très nombreux. Les personnages deviennent par ailleurs beaucoup plus attachants dés qu’ils sont directement concernés par cette histoire de virus. Et le film se découpe alors en deux parties bien distinctes, une extrêmement réussie (oui oui, j’ose le dire) et une autre beaucoup plus classique et clichée, et surtout, bien prévisible, sans pour autant, oh exploit, être franchement désagréable. D’un côté, nous avons donc tout ce qui concerne les infectés en eux même, et les conséquences de cette contamination au niveau du gouvernement, des services pharmaceutiques et autres. Cette partie, rappelant donc le Contagion de Soderbergh, se montre très réussie, et carrément parfois pleine de tension. Les scènes de paniques, les nombreux suicides, le gouvernement tentant d’isoler tout le monde, ces scènes sont réalistes et prennent parfois à la gorge, aidée par une bande son (rappelant encore le score de Contagion, qui était signé Cliff Martinez) adéquate. L’ensemble fait franchement froid dans le dos, d’autant que la mise en scène est carrée et le plus souvent dénuée d’effets de style inutiles. Plus les jours passent, et plus l’épidémie frappe le pays, et plus le gouvernement doit prendre des mesures pour contrôler à la fois les infectés, et les non contaminés, apeurés à la fois pour leur santé, et la plupart du temps, pour leur famille.

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Car comme dit plus haut, les personnages principaux deviennent beaucoup plus attachants dès lors que l’épidémie est là et qu’ils sont directement concernés. Mais bien entendu, on n’échappera pas à une grosse ombre au tableau. Alors que tout ce qui concerne l’épidémie est franchement réussi, le film développe à côté une histoire bien plus classique, une histoire de pouvoir, de manipulation, d’argent, et bien entendu, d’humain. Oui, même si le métrage tente de faire durer le suspense, on comprend les tenants et les aboutissants de l’histoire bien avant d’arriver à son final. Le virus a bien entendu été créé par l’homme, par des hommes de pouvoirs, qui vont tenter de se faire du bénéfice avec cette panique. Rien de bien surprenant, et il faut avouer que c’est déjà plutôt bien passé dans certains métrages par le passé. Sauf qu’ici, comme souvent, le film fait preuve d’une certaine naïveté, qui, au vu de ses prévisibles événements, désamorce la plupart des scènes à rebondissements. Et ce jusqu’à son final, bien trop léger compte tenu de tout ce qui a précédé et de la noirceur générale de toutes les scènes mettant en avant la contamination. Bien entendu, on a vu bien pire dans le genre (ou en cinéma Coréen si je peux me permettre), et le film parvient à ne jamais vraiment être ennuyeux sur la durée, malgré un début pas franchement passionnant et une fin très légère. C’est même un divertissement plutôt honnête.

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Deranged est un honnête divertissement, très efficace lorsqu’il se penche sur le virus et les contaminés, et beaucoup moins convaincant quand il s’attarde sur le pourquoi du comment.

note7

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DerangedTitre : Deranged – Yeongasi – 연가시
Année : 2012
Durée : 1h49
Origine : Corée du Sud
Genre : Thriller

Réalisateur : Park Jung-Woo

Acteurs : Jeon Gook-Hwan, Choi Il-Hwa, Choi Jung-Woo, Jo Duk-Hyun, Jung In-Ki, Kim Dong-Wan et Kim Myung-Min


Galerie d’images : 

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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