[Avis] Shaolin, de Benny Chan

Titre : Shaolin / 新少林寺
Année : 2010
Durée : 2h10
Origine : Hong Kong / Chine
Genre : Arts Martiaux

Réalisateur : Benny Chan

Acteurs : Andy Lau, Nicholas Tse, Jackie Chan, Fan Bing Bing, Hung Yan Yan, Xin Yu, Jacky Wu Jing

Synopsis : Alors ravagée par les luttes incessantes impliquant divers seigneurs de la guerre, la Chine subit une longue période d’instabilité marquée par la violence, les complots politiques et autres trahisons. Lors d’une énième bataille sanglante, Hao Jie (Andy Lau) s’illustre lamentablement dans le monastère de Shaolin en insultant la déontologie qui anime ces lieux sacrés. Mais après la gloire la chute n’est que plus terrible. En effet, Hao Jie est défait par son jeune vassal Cao Man (Nicholas Tse) qui en profite pour assassiner sa fille unique. Hao Jie trouve alors refuge dans le fameux temple de Shaolin dans lequel il tente de se racheter une conduite.

Avis de Laurent : Quelque soit la qualité des films de Benny Chan, force est de constater qu’il n’a jamais trompé son public concernant sa générosité au niveau de la mise en scène. En effet, le roi du film de commande burné et efficace ne se fixe aucune limite lorsqu’il s’agit de mettre l’action en boîte et de faire péter la moitié des décors. Si la subtilité ne fait pas partie des qualités habituelles du bonhomme … il est évident que la pyrotechnie, lui au moins, il connaît. Alors certes, il faut se farcir de temps à autre un nullissime City Under Siege afin d’apprécier un Divergence ou un Man Wanted, mais même dans la médiocrité Benny Chan sait proposer un cinéma au minimum divertissant.

Très à l’aise dans le polar urbain et autres romances sirupeuses, Benny Chan n’a (à notre grand étonnement !) qu’effleurer le film en costumes en dehors de ses réalisations pour la télévision hongkongaise. Shaolin est donc un événement … et de taille (!) tant le célèbre monastère a alimenté des centaines de films d’arts martiaux pour le meilleur et pour le pire ces 40 dernières années. Deux voies s’offrent à Benny Chan : l’œuvre intimiste et philosophique ou bien l’actionner décérébré. Vous l’aurez sans doute anticipé, Benny Chan ne choisit pas de faire dans la dentelle. Son choix est bien entendu de tout faire péter. Au programme donc : de la baston, de la politique, de la baston, de l’amour, de la baston, du drame, de la baston, de la cuisine et de la baston.

La trame de Shaolin ne fait pas dans l’originalité. L’incontournable Andy Lau incarne Hao Jie, un seigneur de la guerre sans morale et sans parole, qui vient insulter le monastère de Shaolin en assassinant dans ces lieux sacrés l’un de ses rivaux. À peine le temps de célébrer sa victoire qu’il est lui-même trahi par Cao Man, son jeune lieutenant interprété par un très athlétique Nicholas Tse. À la suite de cette trahison, Hao Jie se réfugie dans le monastère avec, dans ses bras, le cadavre de sa fille en guise de dommage collatérale. Après avoir défié la méfiance des autres moines, Hao Jie réapprend à vivre dans la simplicité et l’humilité en profitant de l’occasion pour parfaire son kung fu. Il fera alors connaissance avec un cuisinier haut en couleur interprété par un Jackie Chan en mode alimentaire (au sens propre comme au figuré).

Avec Shaolin, il ne faut surtout pas s’attendre à autre chose qu’à un film d’action distillant sur plus de 2 heures une successions de séquences martiales (combats et entrainements), de batailles plus ou moins épiques ainsi qu’une traditionnelle course poursuite relativement impressionnante. Pour chorégraphier ses séquences de combats, Benny Chan a su s’entourer du gratin avec les incontournables Yuen Tak et Corey Yuen qui font parfaitement le métier. Au niveau des artistes martiaux, on retrouve un casting 3 étoiles avec, entre autre, Jackie Chan, Hung Yan Yan, Xin Yu et Jacky Wu Jing qui ont su marquer plusieurs générations de spectateurs dans l’ex-colonie britannique. Techniquement, chacun d’entre eux assure le spectacle comme il se doit à l’exception d’un Jackie Chan vieillissant dans un rôle à la limite du hors sujet … mais cette faute de goût est tout à fait pardonnable si on tient compte que lui et Benny Chan sont inséparables depuis de nombreuses années. Concernant les acteurs qui n’ont pas suivi de formation martiale, on retrouve l’omniprésent Andy Lau et son jeu stéréotypé et peu emballant face à un Nicholas Tse parfaitement affuté mais au style bizarrement anachronique.

Tous les ingrédients sont donc réunis pour que Benny Chan signe un sans faute … mais curieusement, Shaolin ne marque pas en profondeur. La faute à une trame peu impliquante en dehors des séquences exagérément dramatiques. Shaolin s’apprécie pour son action sans aucune personnalité et s’oublie malheureusement assez rapidement. Les séquences stéréotypées, telles que les entrainements à la figuration imposante, font leur petit effet attendu mais la surprise n’est jamais au rendez-vous et le tout malheureusement prévisible. Dommage, d’autant plus que Benny Chan était sans doute le réalisateur idéal pour dépoussiérer le film d’arts martiaux à la sauce monastique. Et, comble de la faute de goût, lorsque l’on a dans son casting Hung Yan Yan, on se doit impérativement de mettre en avant l’étendu de son talent !

Au final, Benny Chan signe un honnête film de commande qui ne tient malheureusement pas toutes ses promesses. En effet, un réalisateur aussi confirmé se doit de mettre un peu plus de personnalité dans sa mise en scène, d’autant plus que la franchise Shaolin permet aisément de se réapproprier un genre quelque peu oublié. Benny Chan choisit curieusement la facilité et risque de sombrer petit à petit dans l’anonymat cinématographique.

Note : 6/10

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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