[Avis] Aoi tori, de Kenji Nakanishi

Titre : Aoi tori / The blue bird / 青い鳥
Année : 2008
Durée : 1h45
Origine : Japon
Genre : Drame
Réalisateur : Kenji Nakanishi

Acteurs : Hiroshi Abe, Kanata Hongo, Ayumi Ito, Hajime Inoue…

Synopsis : Le Lycée Higashigaoka est dans la tourmente, Noguchi, un élève du lycée a été victime d’intimidation et a essayé de se suicider à cause de ça. Le jour de la rentrée, un professeur de remplacement fait son entrée dans le lycée pour s’occuper des quatrièmes. Quand ce nouveau professeur, Murauchi (Abe Hiroshi) se présente, les élèves découvrent son bégaiement. Son premier ordre pour les élèves en tant que professeur, c’est le retour du bureau et de la chaise de Noguchi à sa place d’origine. Chaque matin, Murauchi dit « bonjour Noguchi » au bureau vide. Cela provoque une réaction en chaine auprès des élèves, des autres professeurs et des parents d’élève, mais Murauchi n’arrêtera pas…

Avis de Jang Gerald : En voilà encore un beau film en provenance du Japon, avec un Abe Hiroshi qui rencontre depuis quelques temps la reconnaissance tant attendue (et méritée!), il suffit de voir ses derniers rôles dans les très remarqués Still walking, The glory of team Battista, la série Trick et le tout fou Survive Style 5 +, lui qui jouait autrefois dans les Tokyo raiders (j’adore soit dit en passant) du hong-kongais Jingle Ma, et le plutôt médiocre Godzilla 2000, où seul son charisme était mis en avant.

Dans Aoi tori, il campe de bien belle manière un professeur énigmatique , un personnage à la limite du fantastique, sa démarche zombiesque, son regard quasi vide, son visage impassible, ne faisant que décupler cette impression. Mais l’humanité de cet homme est bien présente, on se doute que sa vie n’a pas dù être facile vu son bégaiement , d’ailleurs à son arrivée, à la découverte de l’handicap de leur nouveau professeur, les élèves ne pourront s’empêcher de rigoler.

Mais le bégaiement de Murauchi est bien loin dêtre le centre d’intérêt du film.
En effet, Murauchi, en arrivant dans ce nouveau lycée, et particulièrement dans cette classe de 4ème, a une idée bien précise, qui changera à tout jamais chaque élève, et bien plus encore.
Son objectif est donc de réintégrer le bureau de Noguchi, ancien élève de cette classe, qui 2 ans auparavant a tenté de se suicider suite aux intimidations de ses camarades. Le lycée avait bouclé cette « affaire », sur la demande des parents d’élèves, les élèves s’étant repentis.
Murauchi lancera donc une vraie bombe à retardement dans cette classe aux apparences trompeuses, où tout le monde semblait posé. Chaque matin, il ne cessera de dire bonjour en direction du bureau de Noguchi.
Ce rituel qui étonnera les élèves au début, laissera place à l’énèrvement, et la classe se transformera petit à petit en un vrai gouffre où le malaise se fera de plus en plus ressentir.

Le titre anglais, Blue bird, prend tout son sens puisque la boîte bleue que l’école met à la disposition des élèves se révèle d’une importance capitale. Cette soit disant boîte, censée être liberatrice de nos pensées du moment, nos angoisses d’hier ou de demain, n’est en fait que chimère : on ne peut s’affranchir de quelque chose que l’on a écrit sur un bout de papier, et que l’on enferme dans une boîte afin d’être lu anonymement.
Et concernant cette fameuse classe de 4ème, cette délivrance ne peut passer par un tel procédé absurde.

Kenji Nakanishi signe avec son premier film une oeuvre boulversante, sincère, d’une sobriété à toute épreuve, où la réalisation ne mise sur aucun effets artificiels ou inutiles, la musique étant également aux abonnés absents (une musique au générique de début et de fin, ainsi qu’une musique légère sur les dernières minutes), renforçant le côté réaliste du métrage, nous renvoyant directement à notre propre passé, car oui, en effet, qui n’a jamais été victime ou même bourreau dans sa jeunesse?
Côté réalisme, on pourra longuement parler des jeunes acteurs présents dans le film (le talentueux Hongo Kanata), tous parfaits, qui marquent par leur spontanéité, ne faisant qu’intensifier le récit de son authenticité.

On est donc littérallement transporté par cette sublime réflexion, happé par une maîtrise parfaite du sujet, avec en prime un réalisateur qui ne joue pas avec nos émotions, mais les met à rude épreuve en nous remettant (in)directement face à nos peurs passées, nos fautes inavouables…un film intelligent, qui fait du bien ou du mal, c’est selon, mais qui ne laisse pas indifférent, forcément.

Note : 9/10



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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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