[Avis] Exiled, de Johnnie To

Titre : Exilé / Exiled / Fong juk / 放·逐
Année : 2006
Durée : 1h40
Origine : Hong-Kong
Genre : Western en mode fashion
Réalisateur : Johnnie To

Acteurs : Anthony Wong, Simon Yam, Francis Ng, Nick Cheung, Lam Suet, Roy Cheung, Josie Ho, Lam Ka Tung, Richie Ren…

Synopsis : Macau, 1998. Trois tueurs à gage venus de Hong Kong débarquent pour liquider un des leurs, qui a trahi le milieu afin de changer de vie…

Avis de Jang Gerald :

Conspué par certains, encensé par d’autres, Exiled ne connaît pas de demi mesure, à l’instar de Breaking news.
Avec Exiled, Johnnie To nous sert un western urbain où le maître mot est la frime.
Car la frime, il y en a à tous les étages, à commencer par le mise en scène ultra léchée (trop?).On connaissait Johnnie To ésthète, mais là son art est à son paroxysme : travelling en pagaille, effet de grue, cadrage au millimètre près, tout est là pour nous en mettre plein la vue. Il suffit d’ailleurs de voir cette incroyable scène d’introduction om les personnages se retrouvent à Macao, la caméra, après moultes effets cités plus haut, suit la main de Francis Ng, qui enlève de sa bouche son cigare, …..c’est dit, le film est placé sous le signe de la pose!

Et pour cela, il fallait un casting de de choix, alors notre ami Johnnie propose ses têtes préférées, en fait le casting de The mission en gros, dont il a étéprésenté comme une sorte de rip off d’ailleurs.
On a donc droit à un Francis Ng au charisme plus ravageur que jamais, un Lam Suet aussi gros qu’efficace, un Roy Cheung impassible et electrique, un Anthony Wong parfait, un Nick Cheung borné, et un Simon Yam en bad guy survitaminé qui perdra malhereusement ses parties les plus intimes.

Une impertinence flagrante dans la mise en scène avec des moments jubilatoires, comme ces magnifiques gunfights plus incroyables les uns que les autres, avec mention spéciale au passage dans le restaurant/serre, une tension extrême qui explose dans un déluge de feu et de sang du plus bel effet. Des moments fulgurants comme celui là il y en a pas mal, comme l’assaut dans l’appartement du médecin, l’attaque des lingots, avec Richie Ren en sniper fou (Donnie Yen fera là même, mais en courant lui, pour les besoins du foudroyant Flashpoint!), qui s’entraînait en fait pour son prochain Sniper justement, de Dante Lam.

Le style Johnnie To à son paroxysme (le final, peut être un peu too much), ça en exaspère plus d’un, mais moi j’en redemande, avec en plus un score élèctrisant de Guy Zerafa (qui depuis Fulltime Killer travaille en étroite collaboration avec l’homme au cigare), qui ne fait que démultiplier l’audace visuelle de la minutieuse mise en scène du réalisateur.

On est loin de la surenchère de violence gratuite de A hero never dies (monumental soit dit en passant!), avec un refus certain d’être complaisant dans la violence, bien que certaines situations sont à la limite du sadisme (les « balls » de Simon Yam, la lente agonie de Nick Cheung).

On fera volontairement l’impasse sur le scénario, plutôt basique, mais force est de constater que Mr To arrive à sévèrement accrocher le spectateur avec un materiel de base dépourvu d’originalité, et en plus en ayant en grande parti improvisé sur le tournage.
Effectivement, le film fonctionne principalement sur l’alchimie des personnages, véritables gamins dans l’âme, qui ont apparemment grandis trop vite. Il est d’ailleurs assez drôle de voir que le destin de ses amis d’enfance est contrôlé par une pièce, un pile ou face dangereux.
On notera, pour rendre le film encore plus attachant, que les acteurs du film se sont amusés comme de véritables enfants entre chaque prise, un peu comme les personnages du film, c’est un peu ce qui fait la force du film.

D’ailleurs en parlant des personnages, il est évident que le monde dans lequel évolue l’intrigue est d’un machisme évident, non pas que Johnnie To le soit également, loin de là (il suffit de voir sa filmo en plus), car même si les femmes sont peu présentes (l’immense Josie Ho est parfaite malgré le peu de temps qu’elle passe à l’écran!), elles sont tout aussi fortes, voire même plus intelligentes, comme la prostituée, manipulatrice.

Un western excitant avec un casting très « Giorgio Armani », où les moments de bravoure misent sur l’esbrouffe visuelle à tout prix. Décoiffant!

Note : 8/10

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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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