[Film] It Follows, de David Robert Mitchell (2014)

Après un rapport sexuel d’apparence anodin, Jay se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’impression que quelqu’un ou quelque chose la suit.


Avis de Rick :
Avec un minuscule budget de 2 millions de dollars, It Follows aura enflammé le public et les critiques avant même sa sortie (le métrage était présenté à Cannes l’année précédant sa sortie en salle). Comme j’ai pour coutume de me méfier des films acclamé par presse et public (hein Avatar, je pense à toi), j’aurais sagement attendu une sortie Blu-Ray avant de me lancer dans la vision du dit métrage de David Robert Mitchell (dont le premier film est en bonus sur la galette). Et après à peine quelques instants, alors que je ne savais absolument pas de quoi le film parlait, une évidence m’éclate en pleine tête : sans John Carpenter, It Follows n’existerait pas. Bien que n’ayant à priori pas grand-chose à voir avec les films du maître, It Follows se rapproche bien plus de l’œuvre de Carpenter que les énièmes suites et remakes de ses métrages. Si bien que par quasiment tous ces aspects, It Follows nous ramène dans les années 80, l’époque où les films de genre ne bénéficiaient jamais de gros budget, et que l’équipe devait faire preuve de débrouillardise et d’originalité pour se faire remarquer et surtout marquer le public. It Follows est clairement dans cette catégorie, puisque le métrage ne nous présente aucun esprit revenu de l’au-delà, ni aucun tueur. Il ne nous montrera quasiment rien, à l’exception d’un rapide plan gore (signé Robert Kurtzman) en ouverture.

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C’est donc au réalisateur de poser son ambiance et de faire monter la tension, de nous faire stresser, en nous montrant une menace à la fois familière mais aussi le plus souvent invisible. Il nous invite à suivre le parcours de Jay, qui après une petite partie de… Monopoly (on se comprend) voit sa vie basculer. À la manière de tous ces slashers moralisateurs (Vendredi 13 en tête), le sexe est ici la cause de tout. Mais non, pas de tueur, ni de virus, mais une menace originale, dont on apprendra finalement rien. À la manière d’un virus se transmettant d’une personnage à l’autre lors des rapports sexuels, Jay est alors la proie de quelqu’un… quelque chose. Elle voit une personne, jamais la même, marchant doucement, constamment vers elle. Elle seule peut la voir, et elle connaît les règles du jeu dés le début de l’aventure : si la personnage l’attrape, elle mourra. Pour être en paix, il lui faudra encore s’envoyer en l’air pour que cette « entité » s’attaque à l’autre personne. Mais si elle meurt, la chaine remonte, et Jay sera de nouveau la proie. Un concept original, bien qu’à la morale un peu douteuse (le sexe c’est mal !!!), mais qui fait néanmoins du bien dans le paysage cinématographique horrifique clairement mort depuis des années à quelques exceptions près.

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Le réalisateur a beaucoup apprit de Carpenter comme je le disais dés le départ, puisque pour instaurer son ambiance, il utilise les mêmes artifices que le maître, et ça fonctionne très bien. La mise en scène est lente, les travellings également, les zooms aussi et sont fréquents, et on se met à flipper, clairement, autant en voyant cette « entité » marcher inlassablement vers Jay, doucement pourtant, à la manière d’un boogeyman, autant que par ce qu’on ne voit pas. Une force invisible, qui a l’air présente à chaque instant. Un simple bruit de pas dans un couloir et un zoom lent fera monter la sauce. On se croirait en plein Halloween, ou dans un Prince des Ténèbres, surtout que quelques scènes rappellent clairement ces univers. Le coup de maître du métrage, c’est que cette tension, cette sensation d’être observée, elle est présente en permanence grâce à la mise en scène lente et appliquée. Même en début de métrage, lorsque l’on ne sait pas de quoi il retourne, l’ambiance fait le travail et cette sensation est déjà là ! La musique, bien que parfois trop présente lors du final, va augmenter cette impression et faire également penser aux premières œuvres de Carpenter, puisqu’il s’agira de morceaux fait au synthé !

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Alors It Follows serait vraiment la claque annoncée par tout le monde depuis belle lurette ? Et bien, oui dans le fond, l’expérience a totalement fonctionnée pour moi, certains moments s’avèrent incroyablement stressants, et on baigne constamment dans une ambiance légèrement surréaliste. Certains points peuvent néanmoins décevoir, comme cette fin qui n’en est pas vraiment une, ou encore quelques raccourcis scénaristiques. Bien entendu, en plongeant cœur et âme dans le métrage, certains défauts passent inaperçu (bon sauf la fin, tout de même), mais on se demandera néanmoins, malgré le danger et en voyant comment Jay a l’air complètement détruite moralement et physiquement, pourquoi les hommes continuent de vouloir coucher avec elle tout en sachant les risques ? Blah, je ne dois pas être un homme comme les autres. Toujours est-il que It Follows est une excellente surprise, enfin un film de genre qui comprend que faire peur, ce n’est pas en mettre trop dans la face du spectateur.

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Très influencé par le cinéma de John Carpenter, It Follows malgré quelques défauts atteint son but : faire stresser alors qu’on ne verra jamais rien !

Note :

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Année :
2014
Durée :
1h40
Origine :
U.S.A.
Genre :
Fantastique
Réalisateur :
David Robert Mitchell

Acteurs : Maika Monroe, Keir Gilchrist, Olivia Luccardi, Daniel Zovatto, Jake Weary et Lili Sepe

 It Follows (2014) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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