[Avis] Jodhaa Akbar, d’Ashutosh Gowariker

Titre : Jodhaa Akbar
Année : 2007
Durée : 3h35
Origine : Inde
Genre : Fresque historique
Réalisateur : Ashutosh Gowariker

Acteurs : Hrithik Roshan, Aishwarya Rai, Ila Arun, Amitabh Bachchan, Chetana Das, Parth Dave, Kulbhushan Kharbanda, Suhasini Mulay, Digvijay Purohit, Mrs. Punam S. Sinha, Sonu Sood, Yuri Suri, Rucha Vaidya, Rajesh Vivek

Synopsis : Au 16e siècle, l’Hindoustan est dominé par la dynastie des empereurs musulmans moghols. Le dernier héritier, Jalaluddin Muhammad Akbar, un farouche guerrier, multiplie les batailles pour repousser les frontières de l’empire. Afin d’unifier le territoire qui deviendra l’Inde, il consent à épouser Jodhaa, une princesse rajpoute hindoue …

Avis de Laurent : Après avoir relancé une carrière anodine d’acteur / réalisateur via la réalisation des mémorables Lagaan (2001) et Swades (2004), Ashutosh Gowariker continue de survoler qualitativement le box-office indien avec le tout récent Jodhaa Akbar (2007). Alors que le paysage cinématographique local ne s’est plus illustré dans les grandes fresques historiques depuis Asoka (2001), ce nouveau coup de force d’Ashutosh Gowariker montre une fois de plus sa capacité à caresser dans le sens du poil le spectateur indien, qu’il soit du pays ou issu de la diaspora. A l’image des derniers films de Zhang Yimou ou Ang Lee pour la Chine mainland, Ashutosh Gowariker hypertrophie les codes cinématographiques indiens à des fins purement exportatrices. Rappelons qu’il est le réalisateur qui a su imposer le cinéma populaire indien en occident. On retrouve donc à l’écran deux des acteurs les plus bankables des années 2000, à savoir l’égérie de l’Oréal, Aishwarya Rai, et l’ambassadeur Sony Ericsson, Hrithik Roshan. Ne jugez pas trop vite l’ironie de ces derniers propos puisque ces petits détails mercantiles n’entament en rien  leur immense talent d’acteurs, de danseurs ainsi que leur beauté physique absolument irréprochable. Amitabh Bachchan, crédité au casting, n’a qu’un rôle de narrateur, mais sa voix reconnaissable entre mille lui assure un caméo de luxe.


Sous un prétexte pseudo-historique largement fabulé, Ashutosh Gowariker balance avec une agilité déconcertante une overdose de couleurs splendides, de paysages impressionnants et de palais monumentaux. Tout est prétexte à la démesure afin d’imposer sans complexe un cinéma clinquant qui n’a qu’un objectif majeur : éblouir le spectateur. Jodhaa Akbar est formellement une réussite incontestée. Après un Lagaan grandiose au message rassembleur et un Swades attachant et beaucoup plus intime, Ashutosh Gowariker assure son Jodhaa Akbar dans la catégorie des blockbusters lisses mais efficaces. On retrouve, entre autres, de splendides séquences de batailles aux milliers de figurants et impliquant une armée d’éléphants. De
splendides séquences musicales nous sont également offertes, même si les chansons d’A.R. Rahman ne s’imposent pas dès la première écoute. Malheureusement, ce que Gowariker gagne en technique, il le perd en spontanéité et en percussion. En effet, Jodhaa Akbar est en partie plombé par un scénario sans surprise et prévisible du début jusqu’à la fin. Pourtant, avec Sanjay Leela Bhansali, Ashutosh Gowariker est sans aucun doute le réalisateur populaire indien qui soigne le plus ses scénarios, qui, il faut le dire, sont habituellement le point faible des productions locales. Rappelons en effet que le métier de script est largement négligé dans le cinéma indien.

Malgré la déception liée à une intrigue sans enjeux (les nombreuses trahisons familiales et politiques n’assurent même pas le suspense), on pourra apprécier tout de même les quelques trop rares séquences durant lesquelles Ashutosh Gowariker osera le décalage avec son cinéma trop faussement codifié indien. A titre d’exemple, le fameux combat à l’allure très bisseuse entre Hrithik Roshan et un éléphant l’illustre parfaitement.


Jodhaa Akbar est au final une nouvelle réussite pour Ashutosh Gowariker qui propose un cinéma commercial de qualité au moment où les productions Yash Chopra, ainsi que les dernières réalisations de Sanjay Leela Bhansali déçoivent les unes après les autres. On regrettera seulement que sa structure formelle éclipse un message et une capacité à étonner le spectateur quasi inexistantes.

Note : 7/10

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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